Avec une population de quelque 88 millions d'habitants, qui est particulièrement jeune (la moitié ayant moins de 30 ans) et éduquée (90 % d'alphabétisation), le Vietnam s'éveille à nouveau à la dimension spatiale. En effet, en juillet 1980, à l'invitation de l'Union Soviétique, le pilote Pham Tuan partait pour la station Saliout-6 et devenait le premier Vietnamien sur orbite. Mais ce vol prestigieux resta sans grands lendemains, les autorités de Hanoï donnant la priorité à la reconstruction d'un pays sinistré par trente années de guerres.

LE SPATIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT

Aujourd'hui, le revenu par tête d'habitant ne cesse de croître et le gouvernement vietnamien entend poursuivre ce développement grâce aux technologies nouvelles. Sa stratégie pour l'avenir passe par la maîtrise, via la coopération internationale, des systèmes spatiaux. Depuis 2006, le Vietnam a ainsi mis en place un Comité pour l'Espace, tandis que l'Académie vietnamienne de Science et Technologie (V AST) a créé l'Institut pour la Technologie spatiale du Vietnam. Son objectif est de développer un petit satellite d'observation pour un lancement dès 2010.

De son côté, le groupe VietNam Posts & Télécommunications (VNPT) se prépare à mettre en oeuvre le système Vinasat de satellites géostationnaires de télécommunications et de télévision. Un premier satellite, commandé à Lockheed Martin, doit être lancé par une Ariane 5 durant ce printemps. L'infrastructure de contrôle a été sous-traitée à SES Astra Techcom, qui la réalise avec l'entreprise Hitec au Luxembourg et qui forme son personnel. Par ailleurs, le Centre vietnamien de Télédétection, qui dépend du Ministère des Ressources Naturelles et de l'Environnement, développe ses activités avec l'assistance de SPOT Image : il dispose d'ailleurs depuis peu d'une station de réception SPOT et Envisat.

ACQUÉRIR LA TECHNOLOGIE DES MICROSATELLITES

Le Vietnam s'est fixé comme priorité d'acquérir la technologie des satellites d'applications. Le projet VNREDsat concerne un microsatellite de télédétection qui doit contribuer au développement socio-économique et à la sécurité de la population, ainsi que servir à la gestion du patrimoine et de l'environnement naturels. Ce contrat met aux prises des sociétés européennes (SSTL au Royaume-Uni, EADS Astrium en France, Spacebel en Belgique) avec une concurrence sud-coréenne et nipponne. Dans le but d'entraîner ses jeunes ingénieurs et techniciens, l'Institut pour la Technologie spatiale s'est lancé dans la réalisation peu coûteuse d'un Cubesat de 1 kg, équipé d'une caméra miniaturisée. Pour faire ce picosatellite, il a obtenu l'aide de la JAXA (Japan Aerospace eXploration Agency).

On le voit, en Asie, Chine, Japon et Inde continuent certes de faire l'actualité, notamment récemment avec les sondes lunaires (Kaguya pour le Japon, Change-1 pour la Chine et prochainement Chandrayaan-1 côté indien). Toutefois, la Corée du Sud, Taiwan, la Thaïlande et le Vietnam manifestent un intérêt croissant pour la mise en oeuvre de satellites, voire de lanceurs, avec une priorité donnée aux applications. Leur démarche plus discrète n'en est pas moins résolue et laisse entendre que l'importance de ces 4 nations sur la scène spatiale devrait fortement croître à l'avenir



Le futur Vinasat vietnamien est un satellite de type A2100 de Lockheed Martin.