Les robots sont souvent conçus à l'image des êtres vivants. Certains se déplacent à la manière d'insectes, d'autres sont dits humanoides. Et mis à part la roue, que l'on ne trouve pas dans le règne animal, leurs capacités sont calquées sur des aptitudes ou des sens. L'instrumentation scientifique n'échappe pas à cette description.

   

  • Pour saisir dans sa globalité et comprendre dans les détails un objet qui se trouve à notre portée, il est nécessaire d'adopter plusieurs "points de vue". Instinctivement, tous nos sens sont utilisés successivement ou conjointement pour acquérir des informations.

  •  La vue permet de déterminer la forme et la taille de l'objet. Une vision stéréoscopique est un atout pour discerner le relief.

  •  L'ouïe et l'odorat permettent d'appréhender des caractéristiques générales quant à la structure ou la nature de l'objet.

  • Le toucher apporte un complément d'information sur la texture et la nature (dureté, friabilité) de la surface en contact. II peut être aussi mis en ouvre pour aider notamment l'ouïe et l'odorat à acquérir des informations plus détaillées. La main peut approcher l'objet du nez ou le secouer à proximité des oreilles.

Les informations recueillies sont ensuite transférées au cerveau. Mais l'Homme possède en outre la faculté d'analyse qui lui permet, de manière innée, de comparer ou de confronter les mesures. Ceci afin de contraindre les observations et émettre des hypothèses, pour comprendre l'objet étudié.

De l'Homme à la machine, il n'y a qu'un pas ! Du moins en ce qui concerne la description des phénomènes. Car la

complexité des instruments d'analyse leur donne une sensibilité et une aptitude sans commune mesure avec l'être humain.

 Les dispositifs optiques sont largement utilisés, depuis plus de deux siècles. Leur utilisation dans les domaines scientifiques est très ancienne, bien antérieure à l'ère spatiale. En astrophysique, la lumière constitue le seul moyen pour recueillir des informations sur des objets inaccessibles.

Les premiers instruments spatiaux utilisaient de "simples" appareils photographiques. Mais l'avènement de la spectroscopie et des technologies numériques a signé l'arrivée d'instruments plus complexes et plus variés.

Les instruments aujourd'hui utilisés peuvent être sensibles à toutes les gammes de longueurs d'onde du spectre électromagnétique (qui sont autant de points de vue complémentaires).

Un appareil de prise de vue dans le visible fournit des images directement interprétables sur les caractéristiques générales de l'objet observé. Sa résolution dépend de la taille des éléments du détecteur et de la distance d'observation.

 

Un spectromètre sensible au rayonnement ultraviolet ou infrarouge recueille des mesures sur la température, la composition des atmosphères planétaires ou la minéralogie du sol. Les gaz et les minéraux possèdent en effet des signatures caractéristiques dans ces domaines.

 

On parle ici de résolution spectrale pour définir la capacité à discerner les longueurs d'onde proches.

-          Un spectromètre gamma (sensible aux photons gamma) mesure un flux de photons provenant d'une surface soumise au rayonnement cosmique (principalement des ions hydrogène et hélium). Leur énergie est caractéristique des noyaux atomiques dont ils sont issus. Une étude minéralogique (mais également la détection d'eau) est donc possible à l'aide de ce type d'instrument.

-           

-          Altimétrie radio. En fonction de leur fréquence, les ondes radio renseignent sur le relief en présence grâce à une mesure du temps de retour de l'écho radar. On parle alors d'altimétrie radar, qui peut également être utilisée pour étudier le champ de gravité et établir des cartes. L'altimétrie peut aussi être réalisée par laser.

-           

-          Doppler Radio.

-           La gamme des fréquences radio est aussi utilisée pour sonder le sous‑sol d'un astre afin d'obtenir des informations sur sa nature (la fréquence est modifiée en fonction du matériau traversés ou son contenu en eau (l'eau réfléchit les ondes radio).

 Ressentir

Dans cette rubrique sont rassemblés les instruments qui mesurent des champs électromagnétiques ou des températures et qui détectent des particules.

‑ Un magnétomètre mesure le champ magnétique grâce à un capteur placé au bout d'un mât, afin de limiter les perturbations liées au satellite.

‑ Un analyseur de particules chargées peut prendre plusieurs formes en fonction de la gamme d'énergie et selon qu'il mesure l'énergie, la vitesse et/ou la charge de la particule à son arrivée dans le détecteur (ce qui permet d'en déduire l'espèce en présence). II permet notamment de déterminer la composition d'un plasma.

‑ Un détecteur d'atomes neutres permet l'analyse de la composition de la haute atmosphère et de l'échappement atmosphérique. Cet instrument est basé sur la mesure de l'énergie et de la direction d'arrivée des atomes neutres énergétiques issus de l'interaction entre la haute atmosphère d'un corps dépourvu de magnétosphère (Mars par exemple) et le vent solaire.

-          Un spectromètre à neutrons détecte les neutrons émis par une surface irradiée par le rayonnement cosmique. Le flux mesuré est inversement proportionnel au contenu en hydrogène du proche sous-sol. Et l'hydrogène peut être associé à la quantité d'eau contenue dans le sol d'un astre, comme c'est le cas sur Mars.

-           

Toucher

 

La fonction de toucher le sol n'apporte que peu d'informations en soi. Elle peut être considérée comme un outil mis à la disposition d'instruments dont les mesures ne peuvent être réalisées qu'au contact de l'objet étudié.

‑ Un spectromètre de masse est généralement couplé à un chromatographe en phase gazeuse. Associés à un système de pyrolyse, ils permettent de connaître la composition moléculaire, élémentaire et isotopique des espèces volatiles d'échantillons de sol. Ceux‑ci sont progressivement chauffés, la détection des espèces est faite en fonction de leur température de vaporisation.

‑ Un spectromètre Môssbauer est utilisé pour étudier la minéralogie des échantillons. Ces derniers sont irradiés par une source de photons gamma. Les variations d'énergie des photons gamma sont dictées par les propriétés des atomes bombardés. Cette technique renseigne donc par exemple sur l'état d'oxydation du fer dans la forme minéralogique rencontrée.

‑ Un spectromètre X effectue l'analyse élémentaire du sol. Un échantillon est irradié à l'aide d'une source radioactive émettant des photons X. Le détecteur réalise un spectre des photons permettant l'identification d'éléments tels que le potassium, le magnésium, l'aluminium, le silicium...

‑ Un sismomètre est utilisé pour mesurer les mouvements du sol. Le bâti de l'instrument est fixé au sol alors qu'une masse mobile est placée à l'intérieur. Les vibrations du sol (donc du bâti) provoquent un mouvement relatif de la masse (par inertiel. Ce dernier peut être mesuré de manière mécanique, optique ou électromagnétique variation de champ magnétique dans une bobine si la masse est aimantée). Un réseau d'instruments de cette nature peut apporter des informations sur la structure interne de la planète étudiée.

Interpréter

 

À ce jour, seule une composante de la chaîne d'analyse est encore dévolue à l'Homme : l'interprétation des données. Grâce notamment à des représentations graphiques et riche de son expérience, le scientifique interprète les données, émet des hypothèses, élabore des théories, confronte ces dernières aux nouvelles observations, qu'il interprète...

Notre cerveau est une "machine" encore bien mal connue, dont la compréhension dépasse probablement la description purement biochimique. Or, nous ne sommes capables de concevoir, de construire ou de reproduire que ce que nous comprenons. Alors, à quand l'intelligence artificielle ?

S. R.      les cahiers de l’espace numéro 5  les expéditions interplanétaires