Les vaisseaux du temps
(The Time Ships - 1995 - Robert Laffont Ailleurs et Demain) ++++
Les vaisseaux du tempsCe roman est une suite de La machine à explorer le temps de HG Wells, et ça commence donc comme une suite en forme d’hommage respectueux, reprenant l’histoire ou Wells l’avait laissé, à savoir lorsque le voyageur temporel reviens dans son époque après avoir été forcé d’abandonner sa compagne Weena aux cruel Morlock de l’an 802701.

Je précise que je n’ai pas lu le roman de Wells, mais j’en ai vu une adaptation au cinéma. Il n’est pas indispensable de connaître l’histoire originale, mais ça doit sans doute rajouter au plaisir de la lecture.

Au début donc, le voyageur s’apprête à retourner dans le futur, mais pendant son voyage, il est confronté a un futur entièrement différent. Apparemment, son retour dans le passé a modifié l’avenir…

Le roman prend alors une dimension supplémentaire et le héros se retrouve ballotté dans l’immensité du temps et des univers parallèles à une échelle ou l’humanité devient insignifiante et ou les paradoxes temporels sont utilisés (et expliqués) avec habiletés jusqu'à un final cosmique !
Un grand roman qui a bien mérité les nombreux prix qu’il a reçu, et un auteur à suivre.

Voyage
(Voyage - 1996 - J'ai Lu Millénaires) ++++
Voyage - tome 2Voyage - tome 1Avec ce volumineux romans (près de 800 pages !), Stephen Baxter réécrit l’histoire du programme spatial américain à partir de 1969 et de l’apothéose que fut le premier pas sur la Lune. L’auteur imagine ce qui aurais put advenir si les projets existant à la NASA de conquête de Mars s’atait concrétisés au dépend de la navette spatiale et des sondes automatiques qui on eut la préférence dans notre univers. Dans l’univers uchronique de l’auteur, le premier pas de l’homme sur Mars a lieu en 1986. Le roman nous conte donc ce programme insensé sur près de 20 ans, avec tous les personnages clefs qui y ont contribué sur cette période, avec leurs rêves, leurs espoirs, leur désillusions et leur échecs parfois. Le contexte politique de l’époque est subtilement modifié de manière à justifié les changements prix par les gouvernements américains par rapports à ceux de notre univers. La descriptions technique de la conceptions des appareils destinés à transportés 3 humains sur Mars est impressionnante et surtout passionnante, de même que le parcours des astronautes.
Car le paris de l’auteur, c’est de réussir à nous faire ressentir l’exaltation de cet objectif fabuleux, marcher sur Mars ! Cette exaltation est présente tout au long des 800 pages du romans, on ne s’ennuie pas une seconde, bien au contraire. Le roman décrit en parallèle l’évolution de programme martien et la mission proprement dite, ce qui nous vaut un final époustouflant, mettant en parallèle le lancement de la fusée et le premier pas sur Mars.

Du grand Art tout simplement ! Ce roman est plein de ce sens du merveilleux propre au grand roman de science-fiction. Et après le déjà impressionnant Les vaisseaux du Temps, Stephen Baxter est décidément un auteur à suivre de très très près.

Lumière des jours enfuis
avec Arthur C. Clarke
(The Light of Other Days - 2000 - Editions du Rocher) +++
Lumière des jours enfuisArthur C. Clarke et Stephen Baxter se sont associés pour écrire ce roman basé sur l’existence d’un procédé permettant d'observer n'importe quel point de l'espace et du temps : la Camver.
L’idée a déjà été utilisée dans des romans de SF, notamment dans La Rédemption de Christophe Colomb de Orson Scott Card, et surtout Les Yeux du temps de Bob Shaw, à qui ce roman est d’ailleurs dédié. Si le concept n’est donc pas nouveau, il n’en est pas moins fascinant et offre bien des possibilités que les deux auteurs se sont efforcés de traiter.

La première partie raconte la naissance des Camvers. Né de l’imagination d’un magnat de l’industrie dans les années 2030, il s’agit d’abord d’un simple moyen de communication utilisant les propriétés physiques des « trous de ver » pour relier instantanément deux points de l’espace. Les explications techniques sont d’ailleurs plutôt convaincantes, du moins pour le profane, et rendent particulièrement crédible le reste du roman. Lorsque le système permet de transmettre l’image, la Camver devient d’abord un parfait moyen d’information permettant d’être immédiatement sur les lieux d’un événement, avant les concurrents et à moindres frais. Mais bien sûr, les possibilités d’une telle invention sont immenses et propices à toutes les dérives. Ainsi, les journalistes qui ont accès à cette technologie s’en servent aussi bien pour dénoncer des magouilles politiques ou financières que pour épier l’intimité des célébrités. Alors que l’utilisation des Camvers est encore restreinte à un petit nombre de personnes, le respect de la vie privée vole déjà complètement en éclats : à tout moment de sa vie, chacun peut désormais être observé à son insu.

Bientôt, les Camvers se perfectionnent et deviennent de plus en plus accessibles au grand public. Elles permettent désormais d’atteindre des distances inouïes (et ainsi d’explorer de lointaines planètes), et même d’observer les images du passé. A une période où l’humanité ne croit plus en son avenir (un gigantesque astéroïde menace de détruire la Terre dans 500 ans), un grand nombre de gens se réfugient dans l’exploration de l’histoire. Ainsi, on peut enfin élucider bien des mystères historiques, on connaît enfin la vérité sur la naissance des religions, ce qui ne va pas sans provoquer d’importants remous. La Camver bouleverse inévitablement un grand nombre de certitudes. Les grands hommes du passé ne sont pas exempts de défauts que la mémoire collective a oubliés. La justice a commis des erreurs qui se révèlent d’autant plus tragiques lorsque chacun peut désormais les reconnaître. Certains se réfugient dans le passé en revivant inlassablement les meilleurs moments de leur vie ou ceux passé avec des êtres chers qui ont disparu. D’autres refusent d’être constamment épiés et essayent d’échapper à l’œil impitoyable des Camvers, mais tout le monde voit sa vie changée par cette invention.

Lumière des jours enfuis est un roman de facture très classique rendu passionnant par l’exhaustivité de la description de la Camver, depuis sa création jusqu’à l’exploitation de ses innombrables possibilités et conséquences sur la société humaine. La fascination des personnages du roman pour les images de la Camver évoque bien sûr des échos de notre monde où l’image prend une place de plus en plus importante. Il est facile de se laisser envoûter par les évènements du passé, et les épisodes où les auteurs s’amusent à revisiter l’histoire à leur manière sont parmi les meilleurs du roman. On y apprend la véritable origine du sourire de la Joconde, on assiste à la vie de Jésus ou encore au dernier instant d’un homme préhistorique dont le corps sera retrouvé des siècles plus tard dans les glaces et étudié pas des paléoanthropologues… Autant de moments surprenants, amusants ou tragiques. Mais à trop explorer le passé, on en néglige de se tourner vers l’avenir. C’est la leçon que tireront les personnages du roman qui incarnent les diverses réactions possibles face à la Camver. Le récit se poursuit donc jusqu'à ce que l’humanité digère cette invention à la fois si utile et si dangereuse. Le lecteur peut alors refermer le livre ébloui par les talents d’Arthur C. Clarke et de Stephen Baxter qui se sont conjugués ici pour le meilleur.

Titan
(Titan - 1997 - J'ai Lu Millénaires) +++
TitanEn 2004, alors que la sonde Cassini-Huygens approche de Saturne, la NASA vit un épisode particulièrement difficile de son histoire avec le crash d’une navette spatiale lors d’un atterrissage. Les données envoyées par Cassini-Huygens laissent entrevoir la possibilité d’une vie primordiale sur l’un des satellites de Saturne, Titan, mais elles passent relativement inaperçues dans ce contexte dramatique. Cependant, pour un groupe de passionnés, Titan devient le nouvel Eldorado et malgré les restrictions budgétaires et la volonté du gouvernement de mettre fin à l’exploration spatiale, ils réussissent à monter un projet complètement fou : une mission humaine vers Titan, un long voyage de plusieurs années sans certitude de retour. Cinq astronautes s’engagent dans ce projet insensé. Pendant leur long voyage, la Terre va subir bien des bouleversements et le voyage vers Titan va prendre une dimension inattendue.

Stephen Baxter est l’auteur de Voyage, un roman qui décrit de façon grandiose ce qu’aurait pu être la conquête spatiale si la NASA, après la Lune, s’était tournée vers la planète Mars. De prime abord Titan ressemble beaucoup à Voyage. On assiste aux préparatifs techniques de la mission, aux complexes tractations politiques pour obtenir des fonds, etc. Mais ce n’est la que la première partie du roman et l'intrigue de Titan va bien plus loin que n’allait celle de Voyage. La où ce dernier se contentait de décrire le voyage vers Mars et ses longs préparatifs, Titan suit également l’évolution géopolitique de la Terre en l’absence des astronautes. Cette ambition est aussi la faiblesse du roman. A vouloir trop en dire, Stephen Baxter sacrifie la crédibilité. La préparation de la mission parait bien rapide, de même que l’évolution géopolitique du monde que l’auteur n’arrive pas à rendre vraisemblable. Heureusement, Baxter n’est jamais aussi à l’aise que dans l’espace et c’est là que se situent les morceaux de bravoure du roman.
Titan est un roman singulièrement sombre, l’avenir de la Terre est bien triste et le long voyage dans l’espace semé d’embûches. Les astronautes sont loin d’être des héros : leur unique souci est de survivre dans un environnement particulièrement hostile en accomplissant le plus souvent des taches rébarbatives et exténuantes. Pourtant, malgré toute cette noirceur, la magie de l’espace opère toujours ici ou là, lorsqu’un vieillard meurt en revivant les instants qui ont précédé ses premiers pas sur la lune, lorsque les explorateurs gravissent la plus haute montagne de Titan uniquement parce que personne avant eux ne l’a fait, lorsqu’ils marchent sous une pluie de méthane ou lorsqu’apparaissent soudain les anneaux de Saturne habituellement masqués par l’atmosphère du satellite. Autant de moments de pur sense of wonder, ce sentiment d’exaltation que seule peut offrir la science-fiction.

Titan est un roman qui va très loin, un roman qui, à l’image de l’un de ses personnages, n’est jamais satisfait et cherche toujours à obtenir plus de réponses, à savoir pourquoi l’univers est là et pourquoi la vie existe. Stephen Baxter le conclut d’une façon magnifique et surprenante qui fait oublier les petites faiblesses d’une partie de son intrigue. Cela fait de Titan une oeuvre qui, si elle n’est pas la meilleure de son auteur, n’en est pas moins extrêmement passionnante.

 


Science-Fiction | Mes lectures SF | Index
Bibliographie de l'auteur

http://webhome.infonie.fr/fbeurg/lecture/baxter.html